Perspectives atmosphériques

9 Avril - 5 Juin 2013

 

Socle de la pratique artistique, en vue de l'élaboration du tableau, ou lieu par excellence de l'expérimentation et de l'expression intime de l'artiste, le dessin bénéficie depuis quelques années d'un regain d'attention inédit de la part des institutions et des collectionneurs.

 

Cet intérêt renouvelé est la conséquence probable de la mise à mal par les avant-gardes historiques du XXe siècle des hiérarchies entre les différentes pratiques. Le dessin est actuellement au centre des préoccupations théoriques.

 

La galerie Malingue est heureuse de contribuer pour la première fois à cet enthousiasme avec une exposition intitulée Perspectives Atmosphériques.

Les œuvres choisies proposent un panorama de quelques visions graphiques formulées par les plus grands artistes du XXe siècle. Elles sont autant de déclinaisons de différents gestes et registres du dessin. Elles couvrent un spectre s'étendant des épures de Picabia aux espaces  liquides de Nolde ou Sam Francis, en passant par les ponctuations  obsessionnelles, gestes répétés ou processus automatiques de Michaux ou Ernst.

 

Un constat a mené leur sélection : dessiner revient souvent pour l'artiste à faire prendre corps à des visions intérieures dans l'espace d'une feuille devenue, dans le moment du dessin, un univers à part entière.

Dans certaines œuvres, une iconographie manifeste évoque ce lien avec la dimension universelle. Employant un registre graphique où le trait tend à cerner les éléments qu'il décrit, Calder, Matta ou Picabia dressent des cartes du ciel, tracent les contours de concrétions diverses qui l'habitent et les schémas de forces qui le mettent en mouvement.

D'autres oeuvres, modernes nymphéas, gouaches ou aquarelles, sont universelles ou atmosphériques par le lien que tissent en elles couleur, paysage et sentiment d'infini, contours flous et dissolution dans l'élément liquide qui les constitue.

Entre le trait et l'étendue, la carte et le territoire, les œuvres de Michaux, Boetti ou Ernst ouvrent les portes d'autres perceptions universelles. Leurs procédés automatiques, stratégies visant à perdre les repères, à limiter le pouvoir de décision démiurgique de l'artiste, produisent des œuvres dont les fourmillements évoquent d'autres infinis.

 

De l'infiniment grand à l'infiniment petit, de l'univers aux microbes, ces œuvres apparaissent comme les expressions variées d'un "dynamisme universel", pour reprendre une acception formulée par les Futuristes. Entre ces deux dimensions, la question en filigrane est aussi celle d'un aller et retour entre figuration et abstraction, ou celle du point de vue. A savoir : une même chose, selon qu'elle est regardée de près ou de loin, se transforme, devient illisible, ou révèle une autre réalité. De ces relativités de la vision émergent des expressions d'un grand tout, que les moyens du dessin toujours relayent.