Ces dernières années, la galerie avait choisi d'explorer successivement, à travers de riches expositions à caractère rétrospectif, les séduisants univers oniriques de plusieurs artistes surréalistes (Tanguy, Ernst, Matta) ; une aventure visuelle au cœur de quelques Grands surréalistes fut ensuite proposée. Cette saison, désireuse d'initier une série d'expositions plus fréquentes, la galerie Malingue est heureuse de présenter un ensemble de toiles de Fernand Léger, autre inlassable animateur de la scène artistique française pendant près d'un demi-siècle.
Un accrochage de peintures majeures permettra d'illustrer quelques unes des étapes marquantes du riche parcours de Léger : sa période "mécanique", qui voit figures et objets désarticulés avec un grand bonheur plastique (Les Cylindres colorés, 1918, Dans l'Usine, 1918), puis la période de ses "grandes figures", au cours de laquelle il réintègre la figure humaine comme objet plastique, composé de puissants volumes (La Femme au miroir, 1920, Le Grand Déjeuner, 1921, chef-d'oeuvre de cette période). L'objet reprend ensuite dans l'oeuvre de Léger une place prépondérante, "rangé" en un ordre invisible dans des natures mortes (Nature morte, 1927), puis associé dans l'espace à d'autres éléments – figures, nuages… (Danseuse aux clefs, 1929). Le peintre associe ensuite à des figures hiératiques à la belle robustesse des "objets plastiques" plus ou moins identifiables (Composition aux trois figures, 1932, Marie l'Acrobate, 1934). Papillon et fleur, 1937, réunit et oppose avec un grand génie poétique des formes et des couleurs imprévisibles, tandis que la Composition (Bois polychromes), 1944, illustre une des séries peintes par Léger lors de son exil aux Etats-Unis, inspirée ici par les machines agricoles abandonnées dans les vastes espaces.
Profondément ancré dans un monde moderne qui l'exalte, Léger y puise directement son inspiration pour devenir l'un des grands inventeurs plastiques de son temps, créateur d'une oeuvre vivifiante et optimiste. Les visiteurs pourront apprécier avec quel brio ce "primitif des temps modernes" a su maintenir un équilibre toujours séduisant entre le réel et l'imaginé, avec quel talent il sait montrer la beauté inédite de la vie moderne.