En collaboration avec Edouard Malingue Gallery, Hong-Kong, la galerie Malingue est heureuse de présenter Yuan Yuan. There is no there there, la première exposition personnelle internationale du peintre Yuan Yuan (né en 1973 en Chine), dont l'œuvre a récemment bénéficié de la meilleure attention critique. Elle regroupe un ensemble d'une quinzaine d'œuvres inédites de grands et moyens formats.
"There is no there there" : les œuvres réalisées spécialement pour cette exposition puisent leur inspiration dans une citation de Gertrude Stein, extraite de Everybody's Autobiography, publié en 1937. L'écrivain traduit par cette formule le sentiment de perte que lui inspire son retour en Californie, après un séjour de plus de trente ans à Paris. Revenant sur les lieux de son enfance, elle y découvre un décor fantomatique dans lequel tout ce qui était n'est plus. A partir de cette description lyrique, Yuan Yuan élabore une série d'intérieurs imaginaires, centrés autour de la figure récurrente du miroir.
Conçue comme un voyage, l'exposition est une déclinaison en trois temps des notions, qui, depuis l'antiquité, associent le miroir à l'âme, ses abords et ses entours, mais en font aussi une porte de communication avec d'autres mondes, qu'ils soient l'au-delà des morts ou des créatures mythiques.
La première salle montre ainsi une série de peintures de reflets : vues à travers des miroirs fragmentés auxquels le spectateur est censé faire face, de grandes Galeries des Glaces aux miroirs brisés s'ouvrent sur un monde imaginaire, une distorsion fragmentée de la réalité. Yuan Yuan décide ce qu'il révèle et comment, initiant un jeu vertigineux par la représentation de surfaces réfléchissantes. Immergé dans les décors, le spectateur est placé dans la situation du vampire, dont le miroir ne reflète pas l'image. La mise en abyme est démultipliée par la référence architecturale des œuvres à une réplique existante de la Galerie des Glaces de Versailles.
Dans la seconde salle, des entrées de bâtiments reprennent le motif du miroir répété cette fois à l'infini par des portes à tambour. Comme les œuvres de la salle précédente, cette série présente plusieurs scénarios par lesquels le spectateur est supposé être entouré, suggérant que, à travers les portes, d'autres mondes existent. Ces oeuvres introduisent les paramètres du mouvement et de la continuité, se concentrant sur l'aspect dynamique du passage du temps. Ces notions contrastent délibérément avec des éléments manifestes de déréliction, comme le motif du chandelier brisé par sa chute.
Dans la dernière salle se trouve révélé un luxueux intérieur de style Louis XV, décoré d'opulents éléments Rococo. Comparée aux décors précédents, la scène semble presque intacte, introduisant le sentiment que les deux premières salles, dans leurs stades variables de décadence, sont des fictions créées par l'imagination du spectateur. Mais une fois encore, une plus grande attention aux reflets dans les miroirs révèle d'autres scènes. Comme dans le Portrait de Dorian Gray (1890), Yuan Yuan construit un conflit entre beauté et décadence.
There is no there there confirme Yuan Yuan comme un maître des fictions visuelles, élaborant des œuvres dont le pouvoir de suggestion repose sur une incertitude, un trouble de la perception. Convoquant la littérature et le cinéma, l'horreur ou le romantisme, chaque toile est pour le spectateur une magistrale incitation à réfléchir sur sa perception et son existence.
C'est un enthousiasme partagé pour l'œuvre de Yuan Yuan qui a incité la Edouard Malingue Gallery, ouverte à Hong-Kong en 2010, et la galerie Malingue, active à Paris depuis 1978, à mener ce projet commun. Elles entendent ainsi faire découvrir au public européen la richesse d'une œuvre qui apparaît déjà comme l'une des plus accomplies de la scène artistique chinoise actuelle.